L’attachement un sens inné et déterminant

Une théorie psychologique, à partir des travaux du psychiatre John Bowlby, s’est depuis une cinquantaine d’années développée pour mettre en évidence les mécanismes d’attachement précoce et le rôle des figures d’attachement dans la structuration du nourrisson, de l’enfant puis de l’adulte.

Mais qu’est-ce-que l’attachement ?

Comment ce mécanisme fonctionne-t-il ?

Quels phénomènes peuvent l’entraver ou gêner son développement ? Avec quelles conséquences ?

 

Les principes de l’attachement

On peut définir l’attachement comme une fonction innée chez l’humain qui permet de rechercher la sécurité dans la proximité avec les autres.

La qualité des liens que chacun est en mesure de développer est façonnée par la confiance qu’un individu peut avoir dans les autres.

Cette capacité à faire confiance dépend de la qualité des premières interactions, et notamment de la présence et de la stabilité apportées par les objets d’attachements, le donneur de soin principal et les figures complémentaires (caregivers). Cette bienveillance et cette disponibilité reçues orientent la manière de grandir des enfants en développant chez eux un modèle de fonctionnement privilégié, habituel.

Il ne s’agit pas ici d’être déterministe car des influences multiples modulent le parcours de chaque individu, et sa capacité à développer un attachement sécure dépend également d’autres paramètres comme l’environnement élargi, les événements extérieurs et la capacité propre de l’enfant à interagir, à supporter les perturbations physiologiques et externes.

Mais il a été observé à l’inverse que des enfants bénéficiant d’une qualité de soin élevée et d’un entourage psychiquement disponible pouvaient surmonter plus facilement que les autres des événements très lourds comme notamment le traumatismes liés à la guerre. Cette compétence, acquise dès les premiers mois de vie, voire même in utero, constitue un capital de naissance pour chaque individu.

Les prolongements au delà des premiers mois

Plus tard quand l’enfant grandit, ses premiers modèles relationnels vont servir de base de référence aux autres interactions. Par analogie, à partir de la grille de lecture qu’il a déjà organisée, l’enfant va considérer que le nouvel entourage auquel il se trouve confronté est potentiellement, a priori, bienveillant, source de sécurité et s’autorisera ainsi une exploration plus large et détachée de sa figure d’attachement.

Celle-ci fonctionne comme une base de sécurité d’où il peut s’éloigner, certain de pouvoir y recourir dès que le besoin s’en fait sentir.

L’observation du comportement des enfants à différents âges et placés en situation de stress ou d’étrangeté a permis de distinguer deux grands types de modèles d’attachement : le modèle sécure et le modèle non sécure (qui se divise lui même en sous catégories).

Le style sécure se caractérise par une capacité à faire confiance en l’autre et en soi-même. Ce sont des enfants qui facilement pourront se détacher de leur parents et qui auront une capacité à explorer et à gérer les situations nouvelles. Ils sont en capacité d’exprimer leurs émotions et de prendre en compte celles des autres.

Le style insécure se caractérise quant à lui par un comportement anxieux (très émotif, sollicite beaucoup le parent, ne peut s’en détacher) et/ou par un comportement évitant (absence de regard vers l’autre, tentatives d’esquives, retrait). La proportion de ces deux caractéristiques organisent les 3 sous modèles insécures :

  • anxieux
  • évitant
  • et anxieux évitant

Ces modèles d’attachement déterminent ou influencent plus ou moins directement par la suite la variété des interactions, que ce soit la scolarité, les relations amoureuses, professionnelles ou sociales au sens large.

L’importance de la prévention

Ces modèles d’attachement déterminent donc l’évolution psychique de l’individu mais également son développement physiologique.

Des confirmations ont été apportés par la neuroendocrynologie à la théorie de John Bowlby. Dans des situations d’intimité sociale, il a été observé que la production d’ocytocine, hormone responsable de la sensation de bonheur, augmentait, favorisant la gestion du stress et la lutte contre la sécrétion de cortisol, qualifié d’hormone du stress. L’ocytocine produirait ainsi une sensation de sécurité de bien être mais agirait également comme un rempart, une protection contre les agressions extérieures.

Un accompagnement psychologique peut aider à compenser ces manques ou les difficultés rencontrées dans les interactions, car le cerveau de l’être humain est plastique et évolue. Une forme de rééducation par des méthodes comportementalistes et cognitives ou un travail plus profond et psychanalytique permettant de faire l’expérience d’une relation suffisamment bonne avec un objet de transfert peuvent améliorer et sécuriser le modèle relationnel initial.

Mais l’enjeu se situe largement au niveau de l’information et de la formation des jeunes parents ainsi que des professionnels de la périnatalité. 

Un travail de prévention, avant la naissance et pendant les premiers mois de vie, non uniquement ciblé sur les populations déjà en difficulté, permettrait d’améliorer le capital de départ de chaque enfant, capital ô combien essentiel car il n’est ni social, ni économique, mais affectif.