Développement de l’enfant : quelle attitude pour quel âge ?

Aldo Naouri a récemment donné une conférence dans le cadre du sommet des parents (28 juin au 4 juillet 2015).

Voici en substance, ce que ce pédiatre, éminent spécialiste de la psychologie de l’enfant, a exprimé sous forme de conseils aux parents, après avoir pris la peine d’exposer les principales étapes de développement de l’enfant.

Il rappelle en premier lieu que l’enfant se construit sur la recherche du plaisir.

Dans le cadre des premiers mois de vie, l’enfant ne fait pas de différence entre lui et sa mère.

 
Vers 8/10 mois l’enfant prend conscience qu’il est différent de sa mère : l’angoisse d’abandon apparaît.


Il y a une dépendance angoissante pour l’enfant dans cette relation nécessaire et fusionnelle avec la mère.

Le développement de l’enfant peut être analysé comme une défense contre la toute-puissance de sa mère.
Le désir de séduction exprimé par la mère vise à détromper l’enfant de l’idée qu’elle est terrifiante.
Si la mère rentre dans ce mécanisme de séduction, elle renforce ce que les psychanalystes nomment le noyau paranoïaque : c’est dans cette relation mal positionnée que la toute puissance infantile prend ses racines.

L’enjeu est de dépasser ce stade en faisant prendre conscience à l’enfant qu’il n’a pas tous les droits.

Le risque sinon est de développer des tendances qualifiées de «perverses» au sens psychopathologique du terme, qui complexifient la structuration du lien social.
Il est donc essentiel pour les parents de lutter contre les caprices de l’enfant. Cette fonction est bien entendu assumée par les deux parents, mais c’est en premier lieu la fonction symbolique du père qui permet de l’exprimer.

Certains parents craignent la perte ou l’altération de l’amour de leur enfant dans cet exercice d’éducation.

Or Aldo Naouri rappelle que l’intégrité de l’amour envers la mère est inattaquable. Ce lien existe dès l’origine et même dans les cas extrêmes de carences et même de maltraitance, il perdure, dans sa complexité et sa nocivité parfois.

Les pulsions de l’enfant le dépassent : c’est donc à l’adulte de l’accompagner et de l’aider dans son apprentissage pour canaliser ces pulsions.

Le fait de marquer la limite, par la stabilité des interdits posés, agit comme une forme de protection vis à vis de lui-même.
La punition, quand l’expression de la règle n’a pas suffi, est pour Aldo Naouri une façon de poser cette limite. Il considère que la meilleure punition est de couper momentanément la communication avec lui.
Voici les règles qu’il préconise : pas de menaces, pas de commentaire ou d’explication sur la punition. L’enfant est accompagné vers sa chambre ou vers un endroit à part des adultes, qui symbolise le « retrait ».

La punition se termine quand le parent est redevenu calme. Le parent ne doit faire aucun commentaire à la fin de la punition.

Très rapidement la punition devient inutile car l’enfant intègre ses effets désagréables de mise à l’écart et l’inutilité de ses débordements qui n’ont plus d’effet sur le parent.
Il faut être déterminé, être en accord entre ce que l’on veut et ce que l’on fait. Il faut éviter de se justifier, d’entrer en négociation.  Car pour Aldo Naouri se justifier ou négocier c’est se placer au même niveau que l’enfant dans un rapport horizontal, qui alimente pour lui la peur de la mort.

Il conclut cette conférence en formulant cette double sentence : «les parents sont condamnés à être aimés et condamnés à être haïs ». Accepter cette dualité des sentiments de l’enfant est un apprentissage qu’impose le statut de parent.

Pour visionner cette conférence, voici le lien : http://www.le-sommet-des-parents.fr/le-programme