L’enfant menteur

PSYCHOLOGIE DU MENTEUR, Claudine Biland, Odile Jacob, 255 pages, 2004

Vous vous questionnez sur votre enfant qui ment régulièrement en vous demandant si cela cache quelque chose de plus grave ou pas.

Tout dépend de son âge et des contenus des mensonges.

En lisant Psychologie du menteur, de Claudine Biland, vous apprendrez que dès l’âge de 3 ans, l’enfant essaie d’arranger la réalité en mentant. Pourquoi une telle précocité ?

Les jeunes enfants, qui ne maîtrisent pas encore parfaitement le langage, sont très sensibles au non-verbal. Ils comprennent vite que l’on peut manipuler avec des gestes et des émotions. Ils se rendent facilement compte du changement de notre expression. Non seulement ils comprennent, mais ils sont également capables d’en discerner (même confusément) les avantages. Et ils les mettent en application. 

Ainsi, les études de la psychologue lui ont permis de constater que, dès l’âge de 3 ans, les enfants sont capables de cacher quelque chose. Mais ce n’est pas nécessairement mal intentionné. «Ils ne contrôlent pas le concept de mensonge.» C’est plutôt afin d’éviter une punition qu’ils tenteront de maquiller la vérité. «Les enfants sont des humains comme nous. S’ils peuvent s’éviter une punition en ayant recours à un tel stratagème, c’est compréhensible. C’est quand ils roulent tout le monde sans cesse qu’il faut commencer à se poser des questions.»

Si on s’aperçoit qu’un enfant ment tout le temps, c’est fort probablement qu’il a un problème d’estime de soi. Il ne veut pas décevoir les autres, alors, il a recours à cette stratégie de crainte d’attrister ceux qu’il aime. «Il faut leur apprendre qu’ils peuvent faire des erreurs et qu’on ne cesse pas de les aimer pour autant.»

C’est vers 10-11 ans que le mensonge devient plus fréquent. «Les professeurs qui enseignent à ce groupe d’âge constatent alors une explosion.» Oscillant entre l’enfance et l’adolescence, le jeune n’a pas encore trouvé ses repères. Pour se sortir des situations embarrassantes (mauvais résultats scolaires par exemple), il l’utilise alors plus souvent. La séparation des parents peut aussi accentuer le recours au mensonge. En effet, les exigences contradictoires de loyauté et les tensions entre les parents mettent les enfants dans une position où la transformation de la réalité devient le seul moyen d’éviter qu’une situation, déjà compliquée, ne dégénère. 

Détecter les menteurs

Avant 8-9 ans, il est généralement facile de détecter les mensonges. «Les enfants oublient presque immanquablement un détail. Ils n’ont pas les moyens cognitifs de tout mettre en place pour que le mensonge se tienne.» En fait, même pour les menteurs aguerris, il est difficile de répondre à des questions, car ils doivent s’assurer que la mystification qu’ils ont élaborée reste cohérente. Mais plus le menteur est âgé, plus il a de facilité à duper les autres.

Dans le cadre de ses recherches, Claudine Biland a mis au point une grille permettant de discerner des signaux (mouvement des yeux et des jambes, débit de la voix, hésitations, etc.) qui, bien interprétés, permettent de détecter les mensonges. 

Que faire quand on se rend compte qu’on nous ment ? L’auteure conseille de ne pas confronter directement le menteur. Cela peut être très vexant et le braquer. Elle suggère plutôt de l’amener lui-même à se découvrir, en posant des questions sans dire ce que l’on sait précisément, par exemple.

En cas de mensonges plus graves ou portant sur des sujets dont l’enfant ne tire pas avantage directement, il vaut mieux consulter car cela peut cacher une difficultés psychologique plus importante, surtout si cela s’accompagne d’autres symptômes comme des cauchemars, des angoisses, des phobies.

PSYCHOLOGIE DU MENTEUR, Claudine Biland, Odile Jacob, 255 pages, 2004

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Cécile BAHIER