L’enfant violent ou agressif

Un des problèmes récurrents amenant les parents à consulter un psychothérapeute est le problème de la violence de leur enfant ou de celle subie par leur enfant à l’école.

Ce premier article aborde la question de la violence agie par l’enfant qui vient en consultation et un prochain article traitera de la question des mécanismes et conséquences de la violence subie à l’école, au travers du phénomène de harcèlement.

La violence est un phénomène lié à l’évolution normale de l’enfant

L’enfant se construit progressivement et vit comme des agressions les phénomènes qu’il ne comprend pas. Ainsi l’attente pour un nourrisson est un apprentissage qui doit l’amener petit à petit à être rassuré sur le fait qu’il va être satisfait et que sa colère peut être calmée par des mots, par des attitudes de son entourage.

On voit ainsi que si l’enfant est satisfait avant d’avoir exprimé, ou s’il n’est pas accompagné dans ses attentes par un environnement rassurant, cette première étape de construction psychique peut être compliquée. Une sensation de toute puissance ou une angoisse fondamentale peuvent selon les cas trouver ici leur racine.

Dans une étape ultérieure, l’enfant va prendre conscience de la séparation qui existe entre lui et sa mère : il perdra ainsi cette sensation de toute puissance, de sécurité pour entrer dans une interaction avec l’autre. Il pourra alors entrer dans une période d’angoisses liées à la séparation et mettre en œuvre de mécanismes de rejet/fusion avec la mère dont il se met à comprendre qu’elle va et vient. Cette période se situe autour de 6/8 mois et correspond à l’arrivée des premières dents et du sevrage. C’est également l’âge du stade du miroir décrit par Lacan.

Le père prend également à cette période une place plus importante qui vient limiter la fusion fondatrice et structurante avec la mère.

A toutes ces étapes, la violence de l’enfant peut se manifester pour exprimer les angoisses liées à cet évènements nouveaux et déstabilisants. Les cris et les pleurs sont l’expression de cette violence intérieure qui n’a pas encore la force de s’exprimer en gestes.

La socialisation est l’apprentissage du renoncement à la violence

Ces expériences que le bébé fait tout petit et dans les premières années de sa vie, sont les premières étapes vers la prise de conscience qui se fera bien plus tard de l’autre, en tant que personne à part entière, qui a des désirs différents et avec lesquels il faut concilier. Cette étape de socialisation se fait à partir de l’entrée en crèche, ou à l’école ou par l’apparition d’un petit frère ou petite sœur dont il faut soudain tenir compte.

La façon dont ces étapes se déroulent sont structurantes pour la suite. Les causes de violences émises par un enfant peuvent donc être multiples.

Un enfant non sécurisé pourra à l’école exprimer ses angoisses par une violence envers ses camarades perçus comme menaçants.

A l’inverse, une envie de proximité, un élan non satisfait pourra déclencher une agressivité de celui qui va alors, s’il est maladroit ou trop pressant, se sentir rejeté, non aimable.

Le sentiment de toute puissance peut être une autre cause de violence envers celui qui se trouve sur le passage ou qui résiste au désir d’un enfant qui n’a pas encore appris à limiter sa sensation de pouvoir.

Enfant violent comment l’aider

Selon les enfants, les évènements, l’entourage ces apprentissages seront plus ou moins faciles, source ou non de conflits intérieurs et qui se manifesteront pas des comportements inappropriés et en décalage avec les attentes de son environnement.

Il est utile d’entrer en dialogue avec l’enfant mais cela peut se révéler insuffisant car l’enfant, selon son âge, ne sera pas forcément en capacité d’exprimer la cause de son souci.

Si le rappel de la règle n’est pas suffisant, la punition ne sera pas non plus appropriée si elle n’est pas accompagnée d’une possibilité d’expression du problème sous-jacent.

La thérapie par le jeu peut permettre cette extériorisation et, dans un cadre autorisé, rendre possible cette expression de colère, de peur ou de désir non satisfait. En voyant jouer l’enfant, le thérapeute pourra mieux cerner la cause de la violence et construire avec l’aide des parents un accompagnement propre à répondre aux besoins de l’enfant. Il pourra également aider l‘enfant à mieux reconnaître ses sentiments, à mieux les exprimer et à trouver des voies d’expression plus adaptées.