L’effet de la méditation sur les enfants surdoués

Conférence de Jeanne Siaud-Facchin : l’effet de la méditation sur les enfants surdoués

Jeanne Siaud-Facchin est psychologue clinicienne spécialisée dans la compréhension et l’accompagnement des enfants surdoués ou qualifiés de « haut potentiel ».

Elle a fondé Cogito’Z, centres de « consultation psychologique intégrative » à Paris, Lyon, Marseille, Avignon, Nantes.

Elle s’est intéressée depuis plusieurs années aux effets de la méditation de pleine conscience sur le cerveau, notamment en tant que mode de régulation et d’optimisation pour les personnes surdouées.

Elle est venue mardi 28 octobre 2017 présenter à Bordeaux l’état de ses réflexions sur les enfants surdoués et sur l’intérêt de la pratique de la méditation auprès de ces publics.

L’enfant surdoué : quelles spécificités ?

Au delà de l’approche basée sur le bilan psychométrique permettant de calculer, par écart à la moyenne de la population, le quotient intellectuel, qu’est ce qu’un surdoué ? Quel type spécifique d’intelligence développe-t-il ?

Lorsqu’elle parle de surdoué Jeanne Siaud Facchin, au delà de la richesse et des avantages que peuvent parfois procurer ses capacités cognitives supérieures à la moyenne, aborde aussi les difficultés et les handicaps que cette spécificité induit.

Car en effet, être surdoué n’est pas de tout repos, au contraire. Son cerveau a la particularité, non seulement de fonctionner à vitesse accélérée, mais sur de multiples canaux sensoriels.

Une de ses particularités réside en effet dans la grande perméabilité et le caractère multidirectionnel de leur attention. Le surdoué est donc réceptif à de multiples stimuli. Cette caractéristique explique que certaines personnes aient choisi de le dénommer « hypersensible ».

Il peut ainsi paraître confus ou donner à voir une dispersion, voire une agitation là où il est en fait multiconnecté et multiconnectable.

Une autre caractéristique réside dans ses capacités intuitives élevées, liées à un mode de fonctionnement non pas basé sur une logique déductive (allant d’un point A à un point B selon règle permanente et traçable) mais par une structure en arborescence permettant les associations, les connections multiples et d’accéder à des idées ou des résultats de manière rapide.

Mais cette rapidité est assortie d’un handicap.

Un surdoué va pouvoir rapidement arriver à un résultat juste mais ne sera pas forcément en capacité de l’expliquer ou de le justifier. Or ceci est difficile à concilier avec les apprentissages académiques privilégiés à l’école, largement basés sur la logique cartésienne et scientifique où la méthode et la démonstration sont valorisées.

Autre inconvénient : lorsque la méthodologie permet d’améliorer la rapidité de traitement (comme l’apprentissage des tables de multiplication par exemple), le surdoué, s’il continue à fonctionner par intuition, pourra être mis en échec, sa méthode se révélant moins efficace ou au final plus lente quand l’exercice se complexifie.

Le cerveau d’un surdoué est, on l’aura compris, menacé de surchauffe et d’épuisement, raison pour laquelle la méditation peut devenir un mode de régulation ou de ressourcement particulièrement adapté.

La méditation, une ressource pour les surdoués

En effet, au travers de la méditation, l’enfant peut apprendre à calmer le flux intense de ses pensées en lui apprenant à recentrer son attention sur le corps.

Par de petits exercices comme l’attention portée à la respiration, l’enfant peut apprendre à calmer sa respiration et à réguler son rythme cardiaque. Mais au delà du bienfait physiologique procuré, ce type d’exercice permet de détourner le cerveau des pensées et de recentrer l’attention sur les ressentis physiques. L’agitation neuronale s’apaise.

Autre bénéfice, là où les canaux multisensoriels sont chez le surdoué simultanément alimentés et exploités, certains exercices de méditation permettent de dissocier et de privilégier tour à tour différents sens, en y apportant une attention spécifique et consciente. Un peu comme si la possibilité était donnée à l’enfant de visiter et de comprendre sa propre cabine de pilotage.

Enfin, là où le surdoué fait souvent preuve d’une empathie, liée à son hypersensibilité, de manière excessive parfois ou envahissante pour lui ou pour les autres, la méditation peut l’amener à prendre un certain recul, une distance bénéfique, procurant là aussi apaisement et protection. Les supports de méditation incorporant les notions de bienveillance et d’empathie apporteront un supplément d’âme pertinent.

Au final, la méditation semble parfaitement bien correspondre, par ses méthodes et par ses buts, aux besoins spécifiques identifiés chez les surdoués. Mais ne nous perdons pas, la méditation est un outil utile et pertinent pour tout enfant, pas seulement pour les surdoués, comme il l’est aussi pour les adultes.

 

Pour aller plus loin :

Livres de Jeanne Siaud Facchin : 

L’enfant surdoué 2012 Odile Jacob : https://www.amazon.fr/LEnfant-surdoué-Jeanne-Siaud-Facchin/dp/2738127509/ref=sr_1_2?s=books&ie=UTF8&qid=1512331795&sr=1-2&keywords=Jeanne+Siaud-Facchin

La méditation a changé ma vie 2012 Odile Jacob : https://www.amazon.fr/Comment-méditation-changé-vie-pourrait/dp/2738125263/ref=sr_1_5?s=books&ie=UTF8&qid=1512335870&sr=1-5&keywords=Jeanne+Siaud-Facchin

association Cogito’zhttp://www.cogitoz.com/fr

La méditation pour les enfants en Aquitaine par Emmanuelle Charenton : https://www.mbsr-aquitaine.fr/education

Stage et apprentissage de la méditation à Bordeaux par Stéphane Faurehttp://www.euthymia.fr

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