Etre parent d’un enfant en psychothérapie … pas si simple (1/2)

Pour les parents, la plupart du temps, l’entrée d’un enfant en psychothérapie est difficile. Mais son déroulement peut aussi comporter des difficultés qu’il vaut mieux connaître pour mieux les comprendre et les dépasser.

Voici un premier article qui traite de ce premier point : franchir le pas de la psychothérapie pour son enfant.

Vous lirez la semaine prochaine le second thème qui aborde les points clés d’une psychothérapie d’enfant à connaître et comprendre par les parents :

  • la nécessité de désactiver de la culpabilité parentale,
  • le bon décodage de l’attitude de l’enfant face à la thérapie,
  • l’objectif de développement d’une sécurité intérieure qui renforce son autonomie.

Franchir le pas de la psychothérapie

Cette première étape est la plus difficile à franchir car elle se décompose en deux temps :

  • la reconnaissance du malaise ou du symptôme de l’enfant
  • la prise de décision de consulter.

Accepter de reconnaître la caractère gênant ou « anormal » du symptôme

Cette question n’est pas du tout anodine car bien souvent

pour de bonnes et moins bonnes raisons, chacun s’accommode du symptôme ou préfère lui trouver une raison qui en banalise l’aspect dissonant ou anormal.

Par exemple un enfant qui fait pipi au lit jusqu’à un âge avancé : la question de reconnaître le caractère gênant ou anormal peut prendre selon les familles un temps très différent et être accompagné de différentes acceptations comme : « il ne se plaint pas, il est encore petit, de toutes façons il ne dort pas encore à l’extérieur donc c’est gérable, il n’est pas le seul dans la famille, c’est peut être un problème physique … ».

Autre exemple : un enfant turbulent ou colérique. Les parents vont avoir tendance dans un premier temps à supporter, excuser, relativiser le problème en pointant l’environnement (l’école, les copains, le changement d’école …), la fatalité (moi aussi j’étais comme ça, il a du caractère, il est « hyper-actif » comme si cela avait la moindre valeur explicative …) ou bien en minimisant les effets (cela va passer, ce n’est qu’à l’école ou ce n’est qu’avec nous, il est parfois très calme, il est gentil avec sa soeur, …).

Le même mécanisme fonctionne pour tous les symptômes et conduit à développer autant de bonnes raisons pour accepter encore un peu de considérer de manière paradoxale le « problème » comme « non problématique » …

Or il faut bien comprendre que le symptôme n’est pas le problème en soi mais un message.

Plus on l’ignore, moins on traite la question de son origine. Et plus l’enfant risque d’être gêné par la mauvaise compréhension ou la difficile acceptation d’une réalité que le dérange.

Le problème est aussi que ce symptôme induit parfois une modification du comportement des parents ou de l’environnement : la maîtresse qui prend en grippe l’enfant, le parent qui n’en peut plus et qui crie parfois, les commentaires négatifs qui sont formulés, l’évitement des sujets ou situations propices à expression du symptôme …

Tous ces comportements vont avoir une influence sur la structuration du caractère de l’enfant.

Décider de consulter pour son enfant

Commencer à réfléchir à l’idée de consulter, c’est déjà avoir accepté qu’il y a un problème et que son enfant à besoin d’aide.

Encore faut-il accepter l’idée que cette aide soit trouvée à l’extérieur et que l’enfant a donc besoin d’un tiers. Cela n’a rien d’évident car la pudeur, la difficulté à accepter de n’avoir pas toutes les réponses, d’être faillible ou de ne pas atteindre l’excellence, notamment en matière d’éducation des enfants, est quelques fois une véritable douleur ou impossibilité.

Cet aveu à soi même et aux autres est difficile pour tout parent.

C’est bien souvent lorsque ce n’est plus possible, plus supportable pour soi-même ou pour l’enfant que l’on se décide à consulter.

Comment en parler à son enfant, que lui dire ?

Le dernier obstacle à franchir est celui de l’explication à l’enfant de l’idée d’une psychothérapie.

Il faut être avec lui très clair : à la fois lui dire le pourquoi de la consultation et rassurer sur la forme que va prendre la psychothérapie.

Voici un petit texte type à adapter selon les âges et le sujet :

« voilà ce qui m’inquiète ou me gêne ou doit te gêner et nous allons essayer de trouver ensemble des solutions. Nous ne voulons pas que tu restes avec ce problème trop longtemps.

Pour cela tu vas pouvoir aller voir un thérapeute, ça veut dire quelqu’un qui aide les gens qui ont des petits ou des gros soucis, à mieux les comprendre et à les résoudre.

Tu vas pouvoir avec cette personne t’amuser et rire et en même temps tu vas trouver des solutions à ce problème. »

Cette formulation et la perspective du jeu va permettre à l’enfant de dédramatiser sur la situation et de ne pas s’inquiéter sur la façon dont cela va se passer. Car jouer il sait faire et il aime ça.

Savoir que ses parents se préoccupent pour lui et agissent est pour lui également extrêmement réconfortant.

Cécile BAHIER