Etre parent d’un enfant en psychothérapie … pas si simple (2/2)

Etre parent d’un enfant en psychothérapie … les points qu’il faut connaître

 

Un précédent article a traité de la question de l’entrée en psychothérapie … pas si simple pour les parents de prendre cette décision, même s’ils sont convaincus des bienfaits à venir.

Ce second article vise à développer la question de ce qui peut surprendre ou gêner les parents dans la thérapie :

  • la question de leur culpabilité,
  • l’attitude de l’enfant face à la thérapie,
  • l’objectif d’autonomisation de l’enfant en psychothérapie.

Comment désactiver la culpabilité des parents ?

Lorsque les parents se rendent compte que leur enfant ne va pas bien, ils se mettent à penser qu’ils ont fait des erreurs et ils ressentent de la culpabilité. Le monde qui nous entoure, conversations, médias, etc., regorge de pointeurs des soi-disant «erreurs» que les parents font avec leurs enfants. Cet environnement est évidemment culpabilisant pour tout parent qui veut bien faire.

En thérapie par le jeu, la rencontre régulière avec les parents permet d’aborder ce sentiment de culpabilité. Le désactiver, pour le bien de l’enfant, est une première étape.

Ce sentiment de culpabilité est très souvent lié au contexte dans lequel nous vivons. On explique tout simplement aux parents que même s’ils peuvent se trouver fautifs, s’accuser d’avoir eu tort de mettre en place certaines règles, d’avoir eu certains comportements, ne pas avoir fait assez, d’avoir fait trop, etc., en réalité, nous sommes tous dans une situation où nous expérimentons (apprenons) le fait d’être parents en même temps que nous le sommes.

En échangeant avec les parents, on discute aussi de la façon  d’aborder l’enfant en tenant compte de sa nature à lui, de ses besoins à lui. Et il est ainsi possible de mettre en évidence la part d’attente, de projection, qui est faite sur l’enfant. Ce n’est pas une erreur, ni un défaut, c’est un mécanisme normal que chaque être humain utilise à longueur de temps auprès de son conjoint, de ses collègues, de ses amis et donc également de ses enfants, mais dont il vaut mieux avoir conscience pour éviter les excès.

L’attitude de l’enfant en psychothérapie

Dans la mesure où l’enfant expérimente spontanément cet espace libre et protégé, il se sent rapidement en sécurité et heureux de venir. Cela peut donner l’impression aux parents que l’enfant aime la thérapie parce qu’il peut y faire tout ce qu’il veut. Pourtant, en réalité et au-delà des apparences, l’enfant doit suivre certaines règles. En thérapie par le jeu, il y a bien sûr des règles immuables comme celle de ne pas détruire les jouets, de respecter le thérapeute mais d’autres règles peuvent être adaptées à l’enfant, comme par exemple la règle de ranger les jouets, d’avoir le droit de
commencer à jouer sans attendre le départ du parent … Cela choque ou agace certains parents qui souhaiteraient que leur enfant se comporte dans cet espace comme ils l’exigent chez eux.

A l’inverse le parent peut être très surpris de voir son enfant ranger spontanément alors qu’il ne le fait jamais à la maison ou demander une permission au thérapeute alors qu’il ne prend pas cette peine à la maison.

L’enfant va également, rapidement ou non, fortement ou discrètement, se mettre à apprécier son thérapeute au point que certains parents peuvent se sentir momentanément concurrencés ou gênés par cette affection. Il ne faut pas croire que le psychothérapeute tente auprès de l’enfant une technique de séduction facile sur le mode « avec moi c’est possible » ou «moi je suis le seul à te comprendre». En revanche, l’enfant lui va rapidement se mettre en position de bon objet ou de séduction de l’adulte pour obtenir son soutien, son adhésion et son aide. Le thérapeute, par une position de neutralité bienveillante va rendre cela possible.

Ces attitudes sont normales et permettent la thérapie. Par elles, l’enfant exprime son adhésion à l’espace thérapeutique. On dit qu’il l’investit. C’est le support au mécanisme de transfert qui sous-tend le travail thérapeutique : c’est parce que l’enfant apprécie, se sent en confiance, se réfère à son thérapeute qu’il peut abaisser ses défenses, se livrer librement au plaisir du jeu et accepter les effets du travail thérapeutique qui se développe.

Développer une sécurité intérieure indépendante du regard parental

Le but de la thérapie est d’enraciner profondément dans l’enfant, une sécurité intérieure afin que, même face aux influences parfois déstabilisantes du monde extérieur, à la maison, à l’école, il puisse rester en sécurité à l’intérieur de lui-même.

Le fait d’expérimenter une relation nouvelle avec un adulte, de tester cette relation d’affection, de confiance permet à l’enfant de se prouver que cela est possible avec un autre que son parent. Cela le sécurise sur ses capacités à être aimé et renforce sa confiance en lui.

Le parents doivent être en phase avec cet objectif qui ne vise pas à diminuer l’affection que l’enfant ressent envers ses parents mais à l’armer de manière autonome : à l’autonomiser.

Certains parents doivent faire, pour accepter cet objectif, un véritable travail sur eux même pour adhérer pleinement, sereinement, sincèrement à cette idée.

L’autre objectif d’une psychothérapie avec les enfants est de leur apprendre à décoder leurs émotions et à les gérer. Cette étape est
primordiale et nécessite un réel apprentissage. Nous même en tant qu’adultes, parce que cela ne nous a peut être pas été enseigné ou que nous avons éteint cette petite voix, ne décodons que difficilement notre état émotionnel. Savoir reconnaitre la joie et l’apprécier, l’amplifier, savoir détecter la colère et l’accepter, pouvoir accueillir la tristesse chez nous même ou chez l’autre … tout ceci aide à mieux se connaître et à mieux se respecter.

Je vous invite à découvrir ou à regarder une nouvelle fois le film Vice Versa pour comprendre le monde intérieur de votre enfant et vous pencher sur le vôtre … pas si éloigné ….Vous comprendrez mieux votre enfant, l’aiderez mieux et vivrez vous même beaucoup mieux le quotidien.

Cécile BAHIER