Le surmenage chez l’enfant ou burn-out

On ne compte plus les articles et discussions autour du burn out, de l’épuisement professionnel qui touche tout le monde et cache bien souvent d’autres maux plus profonds que la réaction à un contexte stressant.

On pensait ce syndrome, décliné sur tous les modes jusqu’à l’excès, réservé à l’adulte.

Mais il faut bien reconnaître que ce phénomène touche également les enfants, et ce de plus en plus tôt et dans des proportions de plus en plus élevées.

Le pédopsychiatre Béatrice Millêtre a récemment écrit un ouvrage intitulé « le burn-out des enfants. Comment éviter qu’ils ne craquent » éditions Payot 2016. Elle relève la précocité et la croissance du phénomène.

Ce sujet reste cependant tabou tant il renvoie à l’incompétence supposée ou projetée des parents.

Il est pourtant davantage causé par la méconnaissance du phénomène et l’effet induit par la pression sociale de l’environnement, pris au sens large.

Les symptômes du burn-out chez l’enfant

Les symptômes principaux du burn-out chez l’enfant sont la fatigue, le désinvestissement, le sentiment d’échec et de dévalorisation.

Le souci est que ces symptômes n’apparaissent, comme pour l’adulte, qu’après une phase longue d’épuisement progressif et discret. La période d’incubation montre parfois des comportements à l’opposé du burn-out ou apparemment sans lien.

Il faut donc être vigilant aux signes avant coureurs qui apparaissent sous l’effet du stress tels que le perfectionnisme, la fragilité somatique (douleurs abdominales, maux de tête, sommeil non réparateur, difficultés à s’endormir), l’irritabilité, l’impression qu’il est sous pression, prêt à exploser.

Les causes du burn-out chez l’enfant

Ce phénomène est la conséquence pour cette psychiatre du rythme imposé aux enfants et de la pression sociale imposée par notre société. La peur du chômage, la notion d’effort nécessaire sont perçues ou inculquées très tôt chez les enfants, qui sont les réceptacles non critiques de l’humeur ambiante.

A l’inverse des représentations communes, l’enfant victime du burn-out n’est pas l’élève en difficulté mais plutôt le bon élève qui prend à cœur sa mission scolaire et veut réussir pour recevoir le retour positif des adultes qui l’entourent.

Une recherche du retour positif qui parfois se transforme en course à l’échalote « tu as eu 13 mais pourquoi tu n’as pas eu 15 », ou « tu as fait une faute là et là et pourtant du savais ça ou tu devrais le savoir», alors que le reste de la page est exempt de rouge…

Le burn-out est également favorisé par les responsabilité dévolues à l’enfant de manière précoce et parfois sur dimensionnée. Certains enfants sont responsabilisés très tôt de leurs trajets scolaires, de la surveillance de leur fratrie, dans l’exercice de plusieurs activités rythmant la journée et la semaine et supposant organisation et entrainement (« tu sais que tu dois faire ton piano en rentrant, tes devoirs car après tu as natation…) …

En résumé, nous avons tendance à voir nos enfants plus grands, plus autonomes plus parfait qu’ils ne sont… Et l’enfant peut souffrir inconsciemment de cet habit taillé trop grand pour lui.

Les moyens de traiter le burn-out chez l’enfant

Le relâchement de la pression familiale et l’allègement de l’agenda peut être une première étape, notamment de prévention.

Les différentes techniques de relaxation (sophrologie, méditation pour les enfants) sont de bons outils de lâcher-prise et permettent à l’enfant d’apprendre à gérer le stress.

Pour les cas révélés, un soutien thérapeutique peut s’avérer nécessaire sous forme de consultation chez un psychothérapeute ou chez un psychologue où la question de la réussite va pouvoir être parlée et nuancée.

Le jeu, sous forme de thérapie par le jeu, peut être un moyen thérapeutique adapté car il permet de vivre et de ré-expérimenter, par l’éprouvé, la sensation d’allègement, de rire libérateur et peut permettre à l’enfant de se détacher progressivement du sentiment de gravité qui l’oppresse.

L’insouciance et la liberté doivent pouvoir rester un privilège de l’enfance … mais il faut parfois le ré-apprendre.

« le burn-out des enfants. Comment éviter qu’ils ne craquent » éditions Payot 2016

le burn-out des enfants. Comment éviter qu’ils ne craquent